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Nick Andros

dormait d’un sommeil agité dans le bureau du shérif Baker. Il n’avait gardé que

son slip mais il était pourtant en sueur. Avant de s’endormir la veille au soir,

sa dernière pensée avait été qu’il serait mort au matin. L’homme noir qui

hantait ses rêves fiévreux allait fracasser cette fragile barrière du sommeil

et l’emporter au loin.

Étrange. L’œil que Ray Booth

avait écrasé dans son orbite lui avait fait mal pendant deux jours. Et puis le

troisième, cette impression qu’on lui taraudait les tempes s’était évanouie, se

transformant en un sourd mal de tête. Quand il regardait avec cet œil il ne

voyait rien d’autre qu’un voile noir dans lequel des ombres bougeaient parfois

ou semblaient bouger. Mais ce n’était pas son œil qui le torturait – c’était l’éraflure

que la balle avait faite le long de sa jambe.

Il n’avait pas désinfecté la

plaie. Son œil lui faisait si mal qu’il n’y avait pas pensé. L’éraflure, pas

très profonde, courait tout le long de sa cuisse droite, jusqu’au genou ; en

se réveillant le lendemain, il avait examiné avec étonnement le trou que la

balle avait fait dans son pantalon. Et le jour suivant 30 juin, il s’était

rendu compte que les bords de la plaie étaient tout rouges et que les muscles

de sa jambe commençaient à lui faire mal.

En boitillant, il était allé

chercher une bouteille d’eau oxygénée au cabinet de consultation du docteur

Soames. Il avait vidé tout le flacon sur la blessure, longue de plus de

vingt-cinq centimètres. Autant mettre un cataplasme sur une jambe de bois. Le

soir même, toute sa jambe droite lui élançait comme une dent cariée. La plaie, qui

avait à peine commencé à se cicatriser, était entourée d’un réseau de sillons

rouges, sous la peau, les sillons rouges de la septicémie.

Le 1er juillet, il

était revenu chercher de la pénicilline dans la pharmacie du docteur Soames. Il

en avait trouvé un peu et, après un moment d’hésitation avait avalé les deux comprimés

d’une boîte échantillon. Il savait qu’il risquait de mourir s’il était allergique

à l’antibiotique, mais la perspective de mourir de septicémie lui avait paru

encore plus déplaisante. L’infection progressait très rapidement. La

pénicilline ne l’avait pas tué, mais elle ne semblait pas non plus avoir

apporté d’amélioration significative.

Hier à midi, il avait eu beaucoup

de fièvre et il pensait avoir déliré pas mal de temps. Il avait de quoi manger,

mais n’avait pas faim ; il n’avait qu’une féroce envie de boire. Et il s’était

servi un verre après l’autre au distributeur d’eau distillée qui se trouvait

dans le bureau de Baker. La bonbonne était presque vide lorsqu’il s’était

endormi (ou évanoui) hier au soir, et Nick ne savait où s’en procurer une autre.

Mais sa fièvre était si forte qu’il ne s’en préoccupait guère. Il allait

bientôt mourir. Bientôt, il ne se ferait plus de soucis. L’idée de mourir ne l’enchantait

pas, mais il se sentait soulagé de ne plus avoir à souffrir. Sa jambe lui

faisait affreusement mal.

Il avait l’impression de ne pas

avoir vraiment dormi depuis la mort de Ray Booth. Il rêvait sans cesse. On

aurait dit que tous ceux qu’il avait connus durant sa vie revenaient sur scène

pour un dernier rappel. Rudy Sparkman et la page blanche : Tu es cette

page blanche. Sa mère, qui montrait les bâtons et les ronds qu’elle l’avait

aidé à tracer sur une autre page blanche : Ça veut dire Nick Andros, mon

chéri. C’est toi. Jane Baker, la tête tournée sur son oreiller, qui disait :

Johnny, mon pauvre Johnny. Dans son rêve, le docteur Soames demandait à

John Baker d’enlever sa chemise, et Ray Booth ne cessait de crier : Tenez-le

bien… Le fils de pute m’a tapé dans les couilles… Je vais l’écrabouiller… À

la différence des autres rêves qu’il avait faits dans sa vie, cette fois Nick n’avait

pas besoin de lire sur les lèvres. Il entendait ce que les gens disaient. Et

ces rêves étaient incroyablement précis. Ils s’évanouissaient quand la douleur

devenait si violente qu’il se réveillait presque. Puis une nouvelle scène apparaissait,

et il replongeait dans le sommeil. Des personnages qu’il n’avait jamais vus figuraient

dans deux de ces rêves, et ce fut de ceux-là qu’il se souvint le plus clairement

à son réveil.

Il était quelque part, très haut.

Un paysage s’étendait devant lui, comme une carte en relief. C’était un désert.

Et dans le ciel, les étoiles avaient cet éclat brutal qu’on leur voit en

altitude. Un homme était debout à côté de lui… Non, pas un homme, mais la forme d’un homme. Comme si l’on avait découpé sa silhouette dans le tissu de la

réalité et que ce qui se trouvait à côté de Nick fût en fait le négatif d’un

homme, un trou noir avec la forme d’un homme. Et la voix de cette forme

murmurait : Tout ce que tu vois sera à toi si tu tombes à genoux pour m’adorer.

Nick secouait la tête, voulait s’éloigner de cet horrible précipice. La

forme allait étendre ses bras noirs pour le précipiter dans le vide.

Pourquoi ne parles-tu pas ?

Pourquoi secoues-tu toujours la tête ?

Dans son rêve, Nick avait

esquissé le geste qu’il avait fait tant de fois dans sa vie : un doigt sur

les lèvres puis en travers de sa gorge… et il s’était entendu dire d’une voix

parfaitement claire, agréable même : « Je ne peux pas parler. Je

suis muet. »

Tu peux. Si tu veux, tu peux.

Alors Nick tendait la main pour

toucher la forme sa peur momentanément balayée par une joie délirante. Mais

comme sa main approchait de l’épaule de la silhouette, elle devenait glacée, si

froide qu’il croyait s’être brûlé. Il la retirait d’un coup et voyait des

cristaux de glace se former sur les jointures. Et il s’apercevait alors qu’il

entendait. La voix de la forme noire. Le cri lointain d’un oiseau de nuit. Le

hululement du vent. La surprise le rendait muet à nouveau. Le monde prenait une

nouvelle dimension qui ne lui avait jamais manqué jusque-là car il ne l’avait

jamais connue. À présent, tout trouvait sa place. Il entendait des sons.

Il savait ce qu’était chacun de ces sons, sans qu’on le lui ait jamais dit. De

jolis sons. Il passait ses doigts sur sa chemise et s’étonnait du

crissement de ses ongles sur la toile de coton.

Puis l’homme noir se tournait

vers lui, et Nick avait terriblement peur. Cette créature, cette chose, ne

faisait pas gratuitement ces miracles.

… si tu tombes à genoux pour m’adorer.

Nick se couvrait le visage de ses

mains, car il désirait toutes ces choses que la forme noire lui avait montrées

du haut de ce lieu désertique : les villes, les femmes, les trésors, le

pouvoir. Mais surtout, il voulait entendre le son fascinant de ses ongles sur

sa chemise, le tic-tac d’une pendule dans une maison déserte après minuit, le

bruit secret de la pluie.

Mais il disait non et ce

froid glacé s’emparait alors à nouveau de lui, et on le poussait, il tombait et

tombait encore, hurlait sans un bruit en culbutant dans cet abîme ténébreux, en

culbutant dans l’odeur du…

… maïs ?

Oui, du maïs. C’était l’autre

rêve qui s’imbriquait avec le premier, différent et pourtant indissociable. Nick

se trouvait au milieu d’un champ de maïs, de maïs vert, et l’odeur était celle

de la terre en été, du fumier, des choses qui poussent. Il se levait et

remontait le rang. Puis il s’arrêtait un instant quand il comprenait que ce qu’il

entendait était le doux hennissement du vent dans le maïs vert de juillet, dans

les feuilles coupantes comme des glaives… et autre chose aussi.

De la musique ?

Oui – une sorte de musique. Et, dans

son rêve, il pensait : « C’était ça ce qu’ils voulaient dire. »

Le son montait juste en face de lui et il s’avançait pour voir si cette succession

de jolis sons provenait de ce qu’ils appelaient un « piano », une « flûte »,

un « violoncelle » ou autre chose encore.

La chaude odeur de l’été dans ses

narines, le bleu aveuglant du ciel dans ses yeux, et ces sons, si beaux. Dans

son rêve, Nick n’avait jamais été aussi heureux. Et comme il s’approchait de la

source de cette musique, une voix s’élevait, une vieille voix éraillée comme

une courroie de cuir qui a beaucoup servi.

Je suis

seule dans le jardin

Quand la rosée perle encore

sur les roses

Et j’entends une voix qui

doucement murmure

Le fils… de Dieu… te livre sa

parole

Et il marche avec moi, il me

parle à l’oreille

Me dit que je suis sienne

Et nous vient à tous deux une

joie indicible

Une joie

que nul… nul autre… nul n’a jamais connue.

À la fin du couplet, Nick

arrivait en haut du rang et découvrait dans une clairière une petite maison, une

cabane plutôt. À gauche, un fût de métal rouillé pour les ordures ; à

droite, une balançoire faite avec un vieux pneu suspendu par une corde à une

branche d’arbre. Une petite galerie de bois s’avançait devant la maison, une

galerie branlante que soutenaient des vérins tachés de graisse. Les fenêtres

étaient ouvertes et des rideaux blancs en lambeaux flottaient, agités par le

doux vent d’été. Sur le toit se dressait, toute penchée, une cheminée de tôle

galvanisée, cabossée, noire de suie. La maison était tapie dans sa clairière et

le maïs s’étendait à perte de vue dans toutes les directions, sauf au nord où

le champ de maïs était coupé par une route de terre qui s’évanouissait très

loin à l’horizon. C’était toujours alors que Nick savait où il était : comté

de Polk, dans le Nebraska, à l’ouest d’Omaha, un peu au nord d’Osceola. Au bout

de la route de terre, c’était la nationale 30 qui conduisait à Columbus, sur la

rive nord de la Platte.

La plus vieille femme de l’Amérique

est assise sur la galerie, une Noire aux cheveux blancs cotonneux – toute menue

dans sa robe-tablier, elle porte des lunettes. Si menue que le grand vent de l’après-midi

pourrait l’emporter comme un fétu de paille dans l’immense ciel bleu, emporter

peut-être jusqu’à Julesburg, au Colorado. Et l’instrument dont elle joue (peut-être

est-ce lui qui la retient sur terre) est une « guitare », et Nick

pense dans son rêve : C’est donc ça le bruit d’une « guitare ».

Joli. Il sent qu’il pourrait rester là toute la journée à regarder la

vieille dame assise sur sa galerie que soutiennent des vérins tachés de graisse

au milieu de tout ce maïs, rester ici à l’ouest de Omaha, un peu au nord d’Osceola,

dans le comté de Polk, à l’écouter. Le visage de la femme est sillonné d’un

million de rides, comme une carte de géographie – rivières et canyons sur le

cuir brun de ses joues, cordillères sous la bosse de son menton, moraine

sinueuse à la base de son front, grottes de ses yeux.

Elle a recommencé à chanter en s’accompagnant

sur sa vieille guitare.

Oh, Jésus, pourquoi

ne viens-tu pas,

Jésus, Jésus, pourquoi ne

viens-tu pas ?

Car maintenant… Le temps des

grands malheurs

Maintenant… maintenant le

temps presse

Maintenant… le temps des grandes

douleurs…

Hé, petit, pourquoi

tu restes planté comme un piquet ?

Elle couche la guitare sur ses

genoux comme un bébé et lui fait signe d’avancer. Nick s’avance. Il dit qu’il

voulait simplement l’écouter chanter, que sa chanson était très belle.

Eh bien, petit, c’est la folie

de Dieu, je chante presque toute la journée à présent… et comment t’entends-tu

avec cet homme noir ?

Il me fait peur. J’ai peur…

Pour sûr, petit, pour sûr que

tu peux avoir peur. Même un arbre peut faire peur quand la nuit tombe, si tu

sais regarder. Nous sommes tous mortels, loué soit Dieu.

Mais comment lui dire

maintenant ? Comment…

Comment respires-tu ? Comment

rêves-tu ? Personne ne sait. Mais viens me voir quand tu veux. On m’appelle

mère Abigaël. Je suis sans doute la plus vieille femme de ce coin du monde, mais

je fais encore mes crêpes moi-même. Viens me voir quand tu veux, petit, et

amène tes amis.

Comment m’en sortir ?

Dieu te protège, petit, personne

ne s’en sort jamais. Fais de ton mieux et viens voir mère Abigaël chaque fois

que le cœur t’en dit. Je serai ici sans doute ; je ne bouge plus beaucoup.

Viens me voir. Je serai…

– ici,

serai ici…

Il se réveillait peu à peu, jusqu’à

ce que disparaissent le Nebraska, l’odeur du maïs, le visage ridé de mère

Abigaël, et que se dessine en filigrane, de plus en plus net, le monde réel qui

finissait par recouvrir de sa trame le monde du rêve.

Il était à Shoyo, dans l’Arkansas,

il s’appelait Nick Andros, il n’avait jamais parlé ni entendu le son d’une « guitare »…

mais il était toujours vivant.

Il s’assit sur le lit, regarda sa

blessure. Elle était moins enflée. Elle lui faisait moins mal. Je suis en train

de guérir. Je crois que tout va s’arranger.

Il se leva et s’approcha en

boitant de la fenêtre. Sa jambe était encore raide, mais il savait que cette

raideur disparaîtrait avec un peu d’exercice. Il regarda la ville silencieuse

qui n’était plus Shoyo mais le cadavre de Shoyo, et il sut qu’il devait partir

le jour même. Il ne pourrait aller bien loin, mais au moins il partirait.

Où aller ? Il croyait le

savoir. Les rêves ne sont que des rêves, mais rien ne l’empêchait de prendre la

direction du nord-ouest, vers le Nebraska.

Nick sortit de

la ville à bicyclette, vers une heure et quart de l’après-midi, le 3 juillet. Le

matin, il avait fait son sac : quelques comprimés de pénicilline, au cas

où il en aurait besoin, des conserves – surtout des boîtes de velouté de

tomates Campbell et de raviolis Boyardee, ses marques favorites. Une gourde et

plusieurs boîtes de balles pour son pistolet.

Il était allé fouiller dans les

garages des maisons désertes jusqu’à ce qu’il trouve une bicyclette dix

vitesses à peu près à sa taille. Prudemment, il descendit la grand-rue sur son

vélo, pas trop vite, et petit à petit sa jambe blessée prit la cadence. Il se

dirigeait vers l’ouest, suivi de son ombre. À la sortie de la petite ville, il

passa devant de jolies maisons qui gardaient leur fraîcheur à l’ombre de leurs

rideaux tirés jusqu’à la fin des temps.

Cette nuit-là, il campa dans une

ferme à quinze kilomètres à l’ouest de Shoyo. Le lendemain, le 4 juillet, il

était presque arrivé à Oklahoma quand la nuit tomba. Avant de se coucher dans

une autre ferme, debout dans la cour, les yeux levés au ciel, il vit une pluie

d’étoiles filantes qui égratignaient la nuit de leurs feux glacés. Et il pensa

qu’il n’avait jamais rien vu de plus beau. Qu’importe ce qui l’attendait, il

était heureux de vivre.

 

le fléau
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